Soucieuse d’offrir une proposition susceptible d’enrôler les adolescentes en rupture, La Fontanelle a travaillé sur une prestation qui peut être fractionnée. Le premier module, d’une durée de quatre mois, vise à stabiliser la situation et à mesurer la volonté de donner une chance
au changement. Expérimentée depuis deux ans et demi, notre approche présente une flexibilité appréciée des filles qui sont accueillies dans un foyer dédié. Si la non-mixité peut paraître paradoxale à une époque où on cherche à limiter l’influence de l’identité sexuée dans la socialisation, notre pratique s’inscrit en complémentarité à d’autres en Suisse romande qui sont majoritairement mixtes.

Car les filles accueillies à La Fontanelle – à l’instar des garçons d’ailleurs – ont enduré d’importantes souffrances et nous finissons souvent par comprendre qu’une grande part d’entre elles sont liées à du harcèlement et des abus sexuels. Nous observons aussi que le panel des problématiques tend à s’élargir, avec notamment un recours toujours plus fréquent à la scarification et – plus grave – des menaces de suicides. Ces histoires de vie anéantie nous poussent à mettre en place un environnement protecteur – et le Foyer Filles est pour cela comme un écrin précieux - le temps qu’elles puissent se reconstruire.

Il est cependant difficile d’aménager un accompagnement éducatif équilibré. Face à de telles souffrances, pondérer l’axe affectif – celui qui apaise, qui réconforte, qui console – et l’axe normatif – celui qui sécurise, qui met en mouvement – est périlleux. La détresse appelle presque naturellement à soutenir et à adoucir la réalité et ce mouvement empathique est nécessaire, mais nous savons qu’il est insuffisant, voire contre-productif. Nous devons redoubler d’efforts pour aller aussi sur l’axe normatif afin de créer l’équilibre indispensable à une reconstruction  progressive de l’estime de soi.

Rapports d’activités