Force mentale en chute libre, grandes difficultés à gérer les frustrations, explosion de rage, incapacité à ressentir de l’empathie, troubles anxieux nécessitant des hospitalisations répétées, recours de plus en plus massifs aux médicaments de type anxiolytiques et antidépressifs, perte de sens et de goût à la vie, tentative de suicide. Ces manifestations sont devenues courantes chez les jeunes suivis par des services sociaux et dans les 
établissements scolaires.

 

Traumatisées par les guerres du 19e et du 20e siècle, par la violence qui se déployait dans presque chaque famille et par un autoritarisme qui aggravait les blessures, les générations qui ont suivi n’ont eu de cesse de développer une éducation plus positive, basée sur le lien et l’attachement. Ce mouvement s’est poursuivi au fil des ans, prônant une éducation sans punition pour assurer l’épanouissement des enfants, dans un contexte de diminution des naissances.

 

Depuis quelques années, cette approche a pris une tournure romanesque. Les parents sont appelés à s’investir sans commune mesure pour protéger leurs enfants, leur éviter de faire face à trop d’exigences et de frustrations, et si possible les soustraire à toute souffrance. Il nous est raconté dans cette romance que nos enfants devraient échapper aux 
contraintes, aux épreuves, aux chagrins pour s’épanouir, s’exprimer librement sans notion de respect, satisfaire 
leurs envies sans restriction, avec l’injonction de se 
réaliser pleinement.

 

L’intention était bonne, car il fallait un virage. Sauf qu’un quart de siècle après, il s’agit d’avoir le courage de regarder en face les répercussions dommageables de cette approche sur une jeunesse devenue hyper centrée sur elle-même, biberonnée aux divertissements et en grande difficulté dans sa démarche d’autonomisation. Il est temps d’évoluer vers une éducation bienveillante enrichie par la fixation de limites claires. Cette évolution doit permettre de les décentrer de leur propre personne et de les doter des compétences de savoir-vivre indispensables pour entrer en relation avec les autres de manière équilibrée, respectueuse et responsable.

André Burgdorfer, Directeur

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