Edito paru dans l'Echo de décembre 2021
Recevoir les confidences d’une maltraitance sexuelle est comme pétrifiant. La loi est claire vis-à-vis de nos devoirs de professionnel·le·s mais la réalité est plus complexe. Après avoir longuement et patiemment travaillé à établir une relation de confiance pour que l’adolescente (ou l’adolescent, mais c’est plus rare) entrouvre la carapace qui l’enferme, il arrive qu’elle se replie sur elle-même et mette fin à son placement lorsque nous l’informons devoir dénoncer à une autorité supérieure l’abus sexuel qu’elle vient de nous révéler.

Les raisons qui motivent une jeune fille à se taire sont multiples. Elle peut avoir peur de représailles, être soumise à la pression de son clan, être prise dans des conflits de loyauté ou ne pas vouloir trahir la personne avec qui elle a aussi eu des liens affectifs. Elle se met alors à nier ses confidences, rompt le lien et renforce son armure. C’est ensuite très difficile de l’engager dans un travail de réparation et de responsabilisation, tant le traumatisme lié aux violences sexuelles qui lui ont été faites a des conséquences psychiques et/ou comportementales profondes.

La répétition de ces situations au foyer filles nous a amené à nous interroger sur l’approche que nous pourrions développer pour ne pas les perdre. Certes, une ou un professionnel·le de l’éducation ne doit pas se laisser entraîner dans le secret, mais comment transposer cette obligation légale sur le terrain sans replonger les adolescentes que nous accompagnons dans la spirale de souffrance, de dénis et d’échecs dont elles émergeaient à peine ? Nous n’avons pas de réponse simple à donner.

Dans le cadre de notre questionnement, et pour clore cette année qui a célébré le vingtième anniversaire du foyer filles, cette nouvelle édition de L’Écho est dédiée à ce sujet délicat, mais tellement important à l’heure des #metoo. Témoignages de jeunes et de parent, avis de professionnel·le·s et d’une institution spécialisées viennent enrichir la réflexion que nous vous partageons. Si le sujet vous inspire, n’hésitez pas à nous revenir avec vos propres expériences.

À la veille des festivités de Noël et du Nouvel An, je tiens à vous remercier chaudement pour l’intérêt que vous ne cessez de manifester à l’égard du travail de La Fontanelle. Passez d’agréables et apaisantes fêtes de fin d’année.
André Burgdorfer, directeur
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traités par l’Écho 63, le journal semestriel de La Fontanelle



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