Édito paru dans l’Écho d'août 2024
Honnêtement, qui n’a jamais eu de difficulté à intégrer un groupe, n’a jamais craint d’être raillé, ou ne s’est pas moqué afin d’être dans le bon camp ? Nous sommes toutes et tous plus ou moins familiers du phénomène de harcèlement, mais avons assimilé qu’il s’agit de s’endurcir et faire le dos rond face aux moqueries, aux intimidations et aux violences faites par une personne harceleuse.
Or, des événements effrayants sont désormais relayés par les médias, parlant d’isolement ou de suicide de jeunes ayant subi ces violences de manière répétitive. Ces manifestations inquiètent la population ; elles préoccupent les parents qui craignent le pire et se sentent démunis lorsque leur enfant y est confronté. Car le mécanisme est bien plus complexe qu’une histoire de victime et de persécutrice ou persécuteur.
Chez les jeunes accueilli-es à La Fontanelle, nous faisons régulièrement le constat de stigmates consécutifs à des effets collatéraux de choix de société. Nous avons fait face aux conséquences d’une éducation trop normative et nous nous mesurons aujourd’hui à ceux d’une approche exagérément bienveillante.
En matière de harcèlement, le problème sociétal est presque caricaturale. Toutes les filles et les garçons en ont souffert, ou presque. Leurs réactions sont à peine croyables, entre résignation à demeurer des boucs émissaires pour gagner leur place dans le groupe et maltraitances répétitives faites aux autres pour prendre leur place ou échapper au risque de se trouver dans un rôle de victime, les comportements sont bien là. Conseiller le bouc émissaire à agir autrement et sermonner la personne harceleuse semble tomber sous le sens.
Mais dans la réalité de ces jeunes en survie, cela est totalement inefficient et renforce au contraire la problématique d’un point de vue systémique. Le groupe se trouve au cœur d’interactions complexes dans un contexte de positionnements relationnels inadéquats. Vivre ceci au quotidien nous expose au risque de nous retrouver nous aussi en survie et oblige à beaucoup de vigilance.
Paroxystique à La Fontanelle, ce phénomène du harcèlement concerne plus largement les milieux de l’éducation, de l’enseignement et de la parentalité. Comme chaque année, nous avons souhaité proposer des outils pour mieux faire face, à travers une conférence et des articles approfondissant le sujet dans deux éditions de notre journal.
Bonne lecture et au plaisir de vous retrouver le 25 septembre à Morges !
André Burgdorfer, Directeur
Écho n° 68/Le harcèlement, un phénomène qui nous met en cause !
Écho n° 67/Médias numériques, entre amour et haine
Écho n° 66/La gestion des écrans, thématique inépuisable
Écho n° 65/Genre masculin, qui suis-je en 2022
Écho n° 64/Réflexion sur la masculinité
Écho n° 63/Face à une situation d’abus sexuel
Écho n° 62/20 ans du Foyer filles, partage d’expériences
Écho n° 61/Justice traditionnelle et/ou restaurative
Écho n° 60/L’accueil aux foyers en période Covid
Écho n° 59/Adopter une approche holistique de la santé
Écho n° 58/Alimentation et maladies mentales
Écho n° 57/S’adapter à la génération « moi je »
Écho n° 56/La famille 3.0, point de situation
Écho n° 55/Soutien aux familles en difficulté
Écho n° 54/Cycle de conférences pour le 30e anniversaire de La Fontanelle
Écho n° 53/Partage de connaissances à l’occasion du 30e anniversaire
Écho n° 52/Troubles du comportement et médication
Écho n° 51/S’adapter à la nouvelle génération
Écho n° 50/Mieux comprendre la nouvelle génération
Écho n° 49/Quels rôles jouent les fêtes traditionnelles
Écho n° 48/Les tracas du tabac
Écho n° 47/Les étapes de l’insertion
Écho n° 46/Éducation et psychiatrie
Écho n° 45/Rôle des aventures éducatives
Écho n° 44/Coup de projecteur sur la jeunesse d’hier et de demain
Écho n° 43/La vie aux foyers, témoignages