"Est-ce la faute des parents?" me demande-t-on souvent lorsque j'explique la situation compliquée dans laquelle se trouvent les jeunes accueillis à La Fontanelle. Ni oui, ni non.
La responsabilité de chacun des parents est bien sûr engagée dans le devenir de l’enfant. Mais celle des proches également, de l’entourage, de la société toute entière. Autrefois, les principes éducatifs de base s’inscrivaient dans un consensus collectif et reposaient sur des critères reconnus que personne n’aurait imaginé questionner. Aujourd’hui, la tâche éducative est devenue plus subtile et la plupart de ses contours sont discutés, contestés, remodelés. Pour le bien de l’enfant. Et pour celui des parents, qui ont gagné la liberté de décider.
Mais toute liberté implique un devoir de choix. Et plus le pouvoir individuel de décision a gagné du terrain sur les principes éducatifs collectifs, plus le rôle parental s’est complexifié, car la nécessité de savoir s’est accrue. Il convient de ne pas répéter les erreurs du passé, peut-être commises par nos parents et nos grands-parents. Une nouvelle contrainte est née, celle de rendre nos enfants heureux. Et pourquoi pas. Mais la tâche est complexe, car il s’agit de s’ouvrir à de nouveaux concepts, de se remettre en question tout en cultivant une certaine stabilité.
En tant que professionnels de l’éducation, nous n’échappons pas à ce mouvement et devons sans cesse revisiter notre bagage de savoirs. La compréhension des comportements humains, qui ne cesse de progresser, nous rend humbles, car elle met en évidence leur complexité. Il n’y a pas de vérité à asséner, mais des perceptions à partager, des découvertes à accueillir, des concepts à développer.
C’est enrichis par de multiples expériences relationnelles que nous entrons dans la trentième année de La Fontanelle. Avec le soutien de fondations privées, nous souhaitons partager ces richesses, à travers des conférences de spécialistes qui nous nourrissent et des ateliers expérimentaux que nous animerons. Soyez tous les bienvenus et faites-en profiter vos connaissances et amis.
André Burgdorfer, directeur
Dans l'Écho n°53, lire aussi