Conférence de Camille Perrier Depeursinge, suivie d’une mise en situation d’un auteur d’agression et de sa victime animée par Jean-Marc Knobel (1'41'38)

Conférence de Camille Depeursinge, avocate et professeure de droit pénal

Malgré les circonstances compliquées liées aux restrictions sanitaires, La Fontanelle est parvenue à proposer sa traditionnelle conférence annuelle. Accessible en visio uniquement, elle a réuni au SwissTech Center Camille Perrier Depeursinge, docteure en droit, avocate et professeure en droit pénal, ainsi que Jean-Marc Knobel, médiateur FSM généraliste et pénal, autour du thème
« La justice restaurative, une alternative payante ? ».Les bénéficiaires d’une médiation – Michèle, victime et Maxime, auteur de l’agression – ont donné un ton émouvant à cette soirée édifiante.

"Victime d'une agression, c'est moi qui ai tiré profit de cette médiation !"

Témoignage :
« Je suis très régulièrement victime de harcèlement de rue à cause de mon homosexualité et parce que je m’habille comme je le souhaite.

Il y a un peu plus d’un an, j’étais dans la rue avec des amies et le ton a commencé à monter avec un autre groupe. J’ai essayé de calmer mes amies, mais là un garçon que je connais m’a poussé violemment. Je me suis mis face à lui et lui ai dit que s’il essayait de me toucher encore, il allait voir. C’est là qu’il m’a envoyé une claque. J’ai appelé la police pour porter plainte. À un moment donné de l’affaire, on m’a donné le choix : soit je m’orientais vers une médiation, soit mon agresseur écopait de jour-amende ou de travaux d’intérêt général. J’avoue qu’au début, j’avais juste envie qu’il soit puni. Mais c’est en discutant avec ma mère que j’ai réalisé : ce garçon est jeune, il débute son premier apprentissage, je peux lui donner une chance de se raisonner et de se rendre compte que la justice peut très vite avoir un impact sur sa vie.

Si c’est pour lui que j’ai accepté la médiation, c’est finalement moi qui en ai le plus bénéficié. Lui l’a fait sans grand intérêt, attendant juste que ça passe. Aujourd’hui encore, il continue de se moquer de moi dans la rue. Mais de mon côté, ça m’a fait du bien, d’une part, de voir que le médiateur accordait de l’importance à mes propos, qu’un homme hétérosexuel pouvait être sensible à ma cause. D’autre part, j’ai beaucoup apprécié le fait de pouvoir regarder dans les yeux mon agresseur et lui expliquer mon point de vue. Il a gardé les yeux baissés tout au long de notre discussion, très mal à l’aise. Je sais que s’il m’a frappé, de mon côté je lui ai envoyé une claque verbale. Même si ce garçon n’a pas changé, je ne ressors pas frustré de ce processus : je lui ai donné une chance et j’ai pu dire ce que j’avais sur le coeur, aidé par le médiateur, qui était très chaleureux et relançait la conversation lorsque l’autre n’était pas réceptif. »