L’envers du décor digital
Désabusée par deux guerres mondiales destructrices, notre civilisation occidentale s’est mise en quête du bien-être et du bonheur au 20e siècle. Répondant à cette attente, le secteur économique a multiplié l’offre et fait croître la tendance de façon exponentielle. Notre époque est désormais qualifiée de siècle du divertissement. Nous nous retrouvons en 2023 avec les fabuleux outils que sont internet, les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle et avec tous les appareils pour les exploiter.
Notre conférencier du 16 novembre, Niels Weber, déclarait «ce n’est pas l’écran qui pose problème, mais l’absence d’autre chose» et il nous a rappelé que le cerveau de nos enfants n’a pas encore les facultés pour résister à la puissante attractivité des contenus digitaux. C’est pourquoi il est utile et nécessaire que les adultes délimitent leur utilisation avec conviction. Car « le besoin de posséder un smartphone est celui de l’adulte et pas de l’enfant » précisait-il!
Dans l’Écho du mois d’août, nous avons introduit et décortiqué notre relation aux médias numériques. Dans cette nouvelle édition, nous entrons dans les coulisses plus sombres de cet univers – un espace qui ne devrait pas être accessible aux mineurs – où se pratiquent la cyberpornographie, l’extorsion d’argent et le harcèlement.
Nous aimerions pouvoir affirmer que le nombre de jeunes piégés dans ces labyrinthes destructeurs est marginal, mais notre expérience et celle de plusieurs organisations spécialisées démontrent le contraire. Le phénomène est inquiétant et les adultes semblent à priori dans l’incapacité de le maîtriser. Nous souhaitons à la fois protéger nos enfants de ces dangers tout en aspirant à préserver la liberté individuelle, chèrement acquise il y a quelques décennies. La sociologie contemporaine nomme clairement une tension entre le besoin de sécurité, nécessaire à la cohabitation entre êtres humains, et la sauvegarde de nos libertés. Les luttes partisanes pour l’une ou l’autre de ces tendances fragilisent-elles le développement de la jeunesse?
Quoiqu’il en soit, nous espérons que ce numéro vous permettra d’enrichir votre réflexion et vous donnera quelques outils ou l’envie d’aller en chercher. Nous vous souhaitons une agréable lecture et de joyeuses fêtes de fin d’année.
André Burgdorfer, Directeur
Éditorial paru dans l’Écho de La Fontanelle n°67, décembre 2023

Retour sur la conférence de Niels Weber, expert dans l’hyperconnectivité
Internet a révolutionné nos vies, pour le meilleur et pour le pire. Omniprésents à l’adolescence, les écrans ont tendance à s’imposer dès l’enfance déjà, notamment dans un objectif de géolocalisation qui rassure les parents. Par leur capacité à stimuler plusieurs de nos sens, les médias digitaux sont très attractifs et l’effort demandé au cerveau pour s’en détacher est important. Ni l’enfant ni l’adolescent-e n’ont la maturité physiologique nécessaire pour résister naturellement à cette attractivité. Il s’agit d’apprendre à gérer ce nouvel environnement digital. Invité par La Fontanelle à donner une conférence sur le sujet, Niel Weber, psychologue, psychothérapeute FSP et spécialiste dans les questions d’hyperconnectivité, a livré quelques alternatives pour encadrer ce phénomène. Synthèse de son propos.
En préambule, Niels Weber invite à différencier l’envie et le besoin. L’enfant a envie de médias numériques, mais n’en a pas besoin. Il accède aux jeux vidéo ou dessins animés sur YouTube sous l’impulsion de l’adulte, qui, par contre, assouvit un besoin, par exemple de tranquillité. L’attractivité de l’offre donne envie à l’enfant de consommer, mais le temps passé sur les écrans le prive d’autres apprentissages indispensables à son équilibre. Il déconseille également au parent d’utiliser les dispositifs numériques pour géolocaliser sa progéniture. Cela prive l’enfant d’espaces pour développer son autonomie et des compétences d’émancipation indispensables à sa vie future. Il exhorte plutôt à discuter sur ce qui inquiète et à négocier des solutions ensemble.
Pour progresser vers l’autonomie, enfants et adolescent-es ont besoin d’incitations les poussant à intégrer de nouvelles compétences et les activités numériques n’y contribuent que modérément. Celles-ci sont très attractives, sous l’effet d’algorithmes qui identifient ce qu’on aime consulter et rendent l’acte de s’en détacher déplaisant. Elles stimulent nos sens et génèrent des émotions difficiles à contrôler par l’adulte, et encore davantage par l’enfants et l’adolescent-e physiologiquement insuffisamment matures pour y parvenir. Cela doit amener l’adulte à exercer son rôle d’éducation en accompagnant et aidant à canaliser ce flot d’émotions. Il ne s’agit pas de les priver des médias numériques qui font désormais partie des outils qui leur permettent d’apprendre, de se distraire et de construire du lien social, mais plutôt de les gérer au quotidien.
À propos des revendications des adolescent-es, il relève que les caractéristiques liées à cette période de la vie sont inchangées. Comme à toutes les époques, les jeunes revendiquent la liberté de faire, de choisir et de passer du temps avec leurs paires. Elles et ils exercent ces revendications à travers les outils digitaux qui sont un moyen pour répondre à leurs aspirations d’appartenir à un groupe et de s’autonomiser. Toutefois, cette nouvelle manière d’interagir n’est pas exhaustive et ne satisfait que partiellement à leurs besoins. Leur attention doit également se concentrer sur d’autres apprentissages, par exemple scolaires, professionnels ou de vivre ensemble. Face à l’attractivité des écrans, les adultes jouent donc un rôle essentiel d’accompagnement pour aider les jeunes à vivre des temps sans smartphone ni jeux vidéo, non pas en raison d’une prétendue nocivité, mais parce qu’ils captent trop de leur temps et de leur attention au détriment d’autres acquisitions.
Pour aider à poser un cadre, Niels Weber suggère de renoncer à s’appuyer sur la notion de temps autorisé sur les écrans, car cela occasionne beaucoup d’énervement chez les adultes et un sentiment d’incompétence chez les jeunes qui ne parviennent souvent pas à respecter la durée imposée. Il propose de s’intéresser à ce que l’enfant ou le jeune veut faire sur les médias numériques pour l’aider à prendre conscience du temps que dure l’activité et de négocier son intégration en regard des autres occupations. Cette conférence très enrichissante peut être visionnée dans son intégralité sur www.lafontanelle.ch sous la rubrique « nous proposons aussi > vidéos des conférences »
Compte rendu de Anne Kleiner
Paru dans l’Écho de La Fontanelle n°67, décembre 2023
Conférencier
NIELS WEBER, psychologue et psychothérapeute spécialisé en hyperconnectivité
Passionné de jeux vidéo depuis son plus jeune âge, Niels Weber a choisi d’en faire sa spécialité. Fort de son expertise en psychologie, il a étudié en profondeur le rapport aux appareils numériques pour conseiller et soutenir les familles désorientées par l’attractivité exercée par les médias sociaux et les jeux vidéo. Il a pu constater dans le cadre de son travail en cabinet avec les familles que la surconsommation de médias numériques masquait parfois d’autres difficultés.
Psychologue et psychothérapeute systémicien spécialisé en hyperconnectivité, Niels Weber propose depuis bientôt dix ans des formations et supervisions aux actrices et acteurs de la santé mentale et de l’éducation. Il reçoit aussi des parents et leurs enfants ou adolescent-es à son cabinet dans le cadre d’accompagnements thérapeutiques. Il intervient régulièrement lors de conférences et d’ateliers auprès d’adultes, d’enfants et d’adolescents sur les questions liées à notre rapport aux écrans, aux réseaux sociaux ou aux jeux vidéo.
Interview de Samul Morard, doctorant en sociologie
Source d’information, d’échange et de divertissements, Internet a transformé les relations sociales, pour le meilleur et pour le pire. Pour la plupart des gens, naviguer sur des sites, échanger sur des réseaux sociaux et se délasser avec des jeux vidéo est presque devenu une seconde nature. Mais cet univers digital comporte une face sombre, comme des campagnes de désinformation, des plateformes de vente de produits contrefaits ou des images pédophiles et pornographiques sans restriction d’accès. Samuel Morard, Doctorant en sociologie au Centre interfacultaire en droits de l’enfant de l’Université de Genève et de Sion, nous présente sa vision sociologique.
Comment se fait-il que l’Internet ne soit pas mieux réglementé ?
Depuis quelques décennies, notre société est marquée par une réelle tension entre liberté et sécurité. L’application de la Convention des droits de l’enfant le démontre bien. D’un côté, nous souhaitons donner la parole à l’enfant, le rendre participatif, le considérer comme un être à part entière, égal à l’adulte et éviter au maximum une restriction de sa liberté, de penser et d’agir. De l’autre, nous voulons lui assurer une protection et couvrir ses besoins d’être accompagné, encadré, voire cadré. Des luttes partisanes se livrent en faveur de l’un ou l’autre axe. Dans le domaine numérique, l’État – mis en place par notre système démocratique – se refuse à être trop interventionniste dans le champ privé de la famille, légifère au minimum et a tendance à renvoyer la responsabilité éducative aux parents. Ceux-ci préservent leur indépendance dans ce domaine avec pour conséquence de devoir assumer les effets de leurs choix et de leurs approches. De nombreux programmes préventifs sont cependant financés par la collectivité publique, pour conseiller et attirer l’attention sur les risques, mais sans imposer de mesures trop restrictives, car cela reviendrait à réduire leur liberté d’agir.
N’y-a-t-il donc pas d’inquiétude face aux dangers qui menacent les mineurs sur Internet ?
Cette question part du présupposé que l’enfant a besoin d’être protégé et fait opposition à celui qui présume qu’il a la capacité à s’adapter. Nous traversons une époque de transition où la liberté d’agir et de penser est perçue comme faisant partie d’un courant progressiste plus acceptable que celui qui imposerait des mesures sécuritaires pouvant être assimilées à un retour en arrière. Dans le contexte d’un accès facilité à du contenu pornographique sur Internet, la majorité des adultes reconnait que l'exposition précoce à certaines images est néfaste pour le développement psycho-affectif de l'enfant. L’État se refuse cependant à légiférer de manière péremptoire pour ne pas porter atteinte à l’autonomie familiale. Les programmes de prévention mettent en garde et invitent les parents à surveiller avec bienveillance, dans le lien et la proximité relationnelle plutôt qu’en posant des interdits. La même démarche est appliquée aux GAFAM, les puissantes entreprises spécialisées dans l’économie numérique ; les États néolibéraux leur ont demandé d’aménager des garde-fous tout en leur rappelant leurs responsabilités en cas de dommage, mais sans leur imposer de réglementation.
Que recommander pour mieux accompagner ?
Dans les années 1970, des travaux du sociologue Zygmunt Bauman ont entre autres montré que la liberté doit être fondée sur un socle de sécurité pour devenir un sentiment plaisant, alors qu'une liberté débridée ne permet pas aux individus de réaliser leur autonomie, mais les plonge plutôt dans un abîme d’insécurité. Ce nécessaire compromis entre sécurité et liberté est contraire à la vision libertaire postmoderne qui renvoie la responsabilité des échecs aux parents ou aux enfants eux-mêmes. Dans le cadre des programmes de prévention mis en place, j’invite donc à surveiller les attentes éducatives sous-jacentes vis-à-vis du rôle des parents que bon nombre ne parviennent pas à honorer. Plus globalement, on peut tenter d’apporter de la stabilité en travaillant sur un socle sécuritaire pour contrebalancer l’axe libertaire dominant.
Propos recueilli par André Burgdorfer
Paru dans l’Écho de La Fontanelle n°67, décembre 2023

Travail sur le terrain par les expert-es de la plateforme ciao.ch
La plupart des jeunes cherchent à se familiariser avec la transformation pubertaire et sexuelle à travers Internet et les réseaux sociaux. La plateforme ciao.ch répond à leurs besoins d’information et d’orientation depuis plus de vingt-six ans. Aux 11-25 ans, elle propose des contenus validés par des professionnel-les de la thématique concernée, un engagement d’anonymat qui permet aux adolescent-es d’aborder sans tabou les sujets qui les préoccupent, un service de question-réponse gratuit, un espace d’échange entre jeunes et une page d’adresses utiles régulièrement mise à jour. Corina Gogalniceanu, responsable à l’association CIAO a accepté de partager ses constats à partir des échanges observés sur ciao.ch.
Quels sont les thèmes les plus fréquemment abordés en lien avec la sexualité?
De nombreuses questions ou demandes d’information concernent divers aspects de l’orientation affective et sexuelle des jeunes qui souhaitent comprendre et explorer ces domaines essentiels de leur vie. Les sujets qui les préoccupent le plus sont la compréhension de leurs désirs et de leurs préférences, ainsi que la manière de gérer leurs émotions et leurs relations intimes, dans une quête d’identité.
Quels sont leurs sujets d’inquiétudes?
Les interrogations concernent fréquemment les risques associés aux rapports sexuels, touchant aussi bien aux moyens de protection, qu’à la prévention des infections sexuellement transmissibles ou au retard des règles. La masturbation est un autre sujet qui revient régulièrement, les jeunes cherchant à comprendre ce processus naturel, à déconstruire les mythes qui l’entourent et à s’assurer de leur bonne santé. L’aspect légal les préoccupe également, notamment en ce qui concerne l’âge de la majorité sexuelle, les lois relatives aux relations sexuelles et leurs droits en matière de consentement.
Le harcèlement numérique est-il évoqué?
Les jeunes sont de plus en plus sensibilisé-es aux risques associés au partage de contenu intime, pouvant aboutir à des menaces et des situations de harcèlement et cherchent des informations sur la protection de leur vie privée en ligne, sur les recours légaux en cas de harcèlement numérique et sur la manière de prévenir de telles situations. Les victimes de harcèlement souffrent souvent en silence, par crainte des conséquences ou de ne pas être prises au sérieux. Les internautes trouvent sur ciao.ch un forum pour partager leurs expériences, leurs préoccupations et leurs conseils avec d’autres ayant vécu des situations similaires. Les échanges sur les sujets sensibles liés à la sexualité ont régulièrement augmenté depuis 2019, passant d’une discussion sur ce sujet à cent-une en 2023.
Comment prévenir le harcèlement?
L'entraide par des pairs permet de se sentir entendu-es, compris-es et soutenu-es par d’autres jeunes ayant traversé des expériences similaires. Cela peut contribuer à réduire l'isolement ressenti en situation de harcèlement qu’il est parfois difficile de partager ouvertement à des adultes. Cependant, ces derniers ont un rôle essentiel à jouer dans l’accompagnement des apprentissages numériques et le développement de compétences sociales et émotionnelles visant une autonomisation progressive dans l’utilisation des médias numériques.
Les parents ont-ils un rôle à jouer face à l’exposition à des images inadaptées?
Dès le plus jeune âge, il est important d'évoquer avec les enfants la possibilité de se retrouver face à des images inadaptées, quelles qu'elles soient, et de leur faire comprendre que de telles situations devraient être discutées avec un adulte. Il s’agit de les écouter et de faire de notre mieux pour comprendre leur vision du monde, qui est façonnée par une réalité intégrant Internet et les réseaux sociaux. Concernant les adolescent-es, une approche trop stricte ou une interdiction formelle d’utiliser certains services employés par leurs pairs peut les pousser à mentir sur l’utilisation réelle de leur téléphone.
Propos recueillis par Joanna Vanay
Paru dans l’Écho de La Fontanelle n°67, décembre 2023
Des jeunes la plébiscitent si elle reste privée et respectueuse
Le sexting, c’est intime, partager, c’est harceler. C’est en ces termes que Yara Berrense-Dias, aujourd’hui Responsable du Groupe de recherche sur la santé des adolescents au Centre universitaire de médecine générale et santé publique (Unisanté) à Lausanne, clôturait la présentation de sa thèse intitulée Le sexting et les adolescent-es. On a commencé à entendre parler du sexting, ou de l’échange électronique de contenu personnel à caractère sexuel, à la suite de situations tragiques au cœur desquelles des adolescent-es avaient harcelé une camarade qui avait échangé une photo ou une vidéo intime. Yara Barrense-Dias nous livre une synthèse de sa réflexion.
Quelle incidence a eu Internet sur le rapport à l’autre sexe et la sexualité des jeunes?
Internet a bouleversé les vies de toutes et tous, y compris celles des adultes. Le premier élément étudié scientifiquement a d’ailleurs été l’accès gratuit à la pornographie. Mes recherches ont permis de mettre en évidence qu’Internet est une ressource pour les jeunes qui cherchent à comprendre leur sexualité et une variable supplémentaire dans leur développement relationnel et sexuel, sur le plan de l’information et de l’apprentissage, de l’entrée en contact, de la communication, de la séduction, de la comparaison sociale, du test des limites. Les étapes de croissance qui caractérisent l’adolescence n’ont pas fondamentalement changé, mais cette phase transitoire s’accompagne désormais de nouvelles technologies qui vont perdurer. Anonyme et accessible 24/7, Internet est aussi un support d’information pour des minorités de genre ou sexuelles qui y trouvent des communautés partageant leurs préoccupations.
Quels sont les enjeux liés à la pratique du sexting par les jeunes?
J’identifie quatre grands risques. Premièrement, la pression exercée en amont pour obtenir le consentement. Le sexting pourrait être demandé par un tiers ou être le résultat d’un effet de groupe, voire même d’une incitation sociale, par exemple un passage obligé pour séduire son ou sa partenaire. Deuxièmement, la diffusion sans consentement à un réseau plus large de personnes que celles initialement d’accord. Troisièmement, la réception de contenus à caractère sexuel non sollicités comme les dick pics, ou de se retrouver contre son gré parmi les destinataires d’un partage de contenu non consenti. Quatrièmement, les réactions au sexting par les pairs qui peuvent être très violentes à l’égard de l’adolescente ou l’adolescent impliqué, allant jusqu’au harcèlement et à l’exclusion.
Comment définir le consentement dans le contexte du sexting à l’adolescence?
C’est particulièrement important d’aborder ce sujet. Certain-es jeunes ont de la peine à considérer que le consentement demandé dans la vie réelle devrait être envisagé de la même manière dans la vie virtuelle. Un accord explicite est attendu pour entrer dans une relation intime, il devrait également l’être pour l’échange de contenu virtuel à caractère sexuel. Or les jeunes ne se sentent souvent pas légitimes à exprimer leur avis, par peur d’être quitté-es ou d’avoir l’air ringard-es. Et lorsqu’un-e jeune partage du contenu intime, c’est la confiance qui devrait prévaloir dans cet échange, plutôt que le risque d’être jugé-e de façon malveillante. Renverser la situation est dommageable pour les relations humaines. C’est un peu comme si on faisait porter la responsabilité à une femme portant une mini-jupe de prendre le risque de se faire violer. Je déplore que plusieurs campagnes de prévention aient choisi cette voie et incitant à l’abstinence pour éviter les dérives du sexting.
Quelles dérives percevez-vous?
Une des dérives possibles est le harcèlement, mais nous ne l’avons pas chiffré. Nous avons par contre observé que le partage de contenu intime pouvait être influencé par de l’intimidation ou des réactions de groupe faisant penser à du harcèlement. La moitié des jeunes de treize-quatorze ans interrogé-es dans notre étude avait partagé un contenu sans consentement pour rire ou pour faire rire. Le constat est similaire dans l’enquête nationale sur les jeunes adultes (24-26 ans). Très peu de jeunes ont par contre rapporté l’avoir fait par vengeance, bien que les médias parlent beaucoup de revenge porn. Ce terme parapluie est fréquemment utilisé de manière abusive et ne prend pas en compte la palette d’émotions qui motivent les comportements des adolescentes et adolescents. On peut cependant relever un manque de conscience sur le contenu partagé, voire une forme d’insouciance par rapport à la responsabilité engagée.
Comment prévenir et protéger les jeunes des dérives du sexting?
Jusque-là, ce sont des messages d’abstinence qui ont essentiellement été adressés aux victimes potentielles pour les inciter à ne pas envoyer de contenu à caractère sexuel les concernant. Cette approche n’a cependant pas démontré son efficience et un nouveau courant défend le partage de safer sexting qui consiste à éviter de montrer son visage, des signes distinctifs ou son domicile dans le but de prévenir les dérives plutôt que la pratique. Il ne s’agit pas de déresponsabiliser les victimes potentielles ; on doit continuer à sensibiliser sur la question du consentement et à faire connaître la loi ainsi que les risques encourus. Je regrette cependant que la prévention ne s’applique pas également aux auteur-es des violences, à celles et ceux qui font pression pour obtenir ce genre de contenu, qui partage sans consentement ainsi qu’aux témoins ou aux groupes qui se retournent contre l’émettrice ou l’émetteur initial du message. Les cours d’éducation sexuelle effleurent le sujet sans avoir le temps d’approfondir la pratique. Pour l’heure, Internet est une ressource importante pour comprendre le sujet et échanger sur les bonnes pratiques. Les adultes doivent aussi être sensibilisé-es à ces usages et à ces enjeux afin de pouvoir mener un dialogue sans jugement ou moralisation et agir comme ressources en cas de problèmes.
Propos recueillis par Joanna Vanay
Paru dans l’Écho de La Fontanelle n°67, décembre 2023


La gestion des écrans, thématique inépuisable
Les médias numériques ont pris une place grandissante dans la vie de la plupart d’entre nous, mais aussi des jeunes, au point que cette situation est devenue problématique. Nous avons décidé d’y consacrer une réflexion approfondie, via deux publications, ainsi qu’une conférence, planifiée en novembre.
Bien que traité en abondance, le sujet semble inépuisable. Lorsqu’on écoute les parents partager leurs difficultés en matière d’éducation, cette thématique caracole en tête. Ils naviguent entre le souci de bien faire et la culpabilité de mal s’y prendre pour encadrer l’activité. La plupart aspirent à ce que des experts émettent des recommandations et que les autorités définissent des normes d’usage claires vis-à-vis de ces appareils d’une nouvelle ère. À partir de quel âge peuvent-ils être utilisés? Quelle durée quotidiennement? Existe-t-il un lien entre les jeux vidéo et le fait d’être violent? Faut-il interdire?
Trois courants de pensée dominent en la matière. L’un prône que l’enfant doit absolument être préservé des médias digitaux, lui défendant jusqu’à la vue même d’un écran pour lui éviter de développer une éventuelle addiction. L’autre au contraire recommande que l’enfant s’approprie ces objets du futur en les pratiquant précocement afin d’être capable de s’adapter au monde digital qui sera le sien. On devine que le marketing de la branche excelle pour renforcer la crédibilité de cette mouvance. Le troisième se situe à cheval des deux premiers, en préconisant une gestion accompagnée qui intègre les dangers tout en apprivoisant le potentiel de ces outils en constante transformation. Plus facile à dire qu’à faire.
A la question «est-ce que l’écran est bon ou mauvais?», Niels Weber, psychothérapeute et spécialiste du domaine, répond que l’enfant a d’ores et déjà intégré que l’écran n’était pas bon pour lui et qu’il était préférable de ne pas en parler. Une sorte de tabou s’est insinué, nuisant au nécessaire dialogue entre parents et enfants. Il a cependant des pistes très concrètes pour aider les adultes à sortir de l’impuissance et adopter un rôle responsable, sans culpabilité. Une soirée à ne pas manquer.
André Burgdorfer, Directeur
Éditorial paru dans l'Écho de La Fontanelle n°66, août 2023

Bénéfices et risques d’une évolution sociétale
Comment aider nos jeunes à faire un usage lucide et enrichissant des possibilités offertes par les nouvelles technologies? Une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau dans sa rencontre avec les écrans d’ordinateurs, de tablettes, de smartphones ou de consoles de jeux peut y contribuer. Car ce sont les mécanismes cérébraux qui nous font agir, réagir et préférer certaines activités à d’autres. Ils sont le résultat d’une très longue évolution qui nous a permis de survivre et de nous reproduire.
L’attractivité exercée par les écrans sur les jeunes donne souvent lieu à des impressions contrastées. Nous craignons que la génération des natifs numériques devienne dépendante et violente sous l’effet des médias digitaux tout en nous réjouissant qu’elle bénéficie de ses vertus éducatives et ludiques. Quelle que soit l’approche, nous avons le sentiment d’une transformation imposée au cerveau. Or, les spécialistes en sciences cognitives et en neuroscience n’ont pas observé de modifications des circuits cérébraux et considèrent plutôt que c’est la construction même du cerveau qui favorise une forme d’emprise des écrans. Ceux-ci donnent le sentiment d’être irrésistibles, car ils procurent facilement de nombreuses satisfactions dont le cerveau est friand.
Les jeux vidéo par exemple, émettent des stimuli perceptifs à travers les couleurs, la lumière et le son qui captent notre attention et que notre cerveau parvient à traiter facilement. Les films ou les séries utilisent les mêmes ingrédients, mais les jeux vidéo permettent en plus d’interagir avec d’autres joueuses et joueurs, en position de compétition ou de collaboration, ce qui alimente notre cerveau social. Les réseaux sociaux connaissent un succès similaire pour la même raison. Ils répondent aux besoins biologiques de créer et d’entretenir des relations sociales. Accessibles facilement à travers le smartphone qui a tendance à nous accompagner partout, ils donnent la sensation d’être en lien à volonté.
Mais que se passe-t-il dans le cerveau? Le temps long l’a façonné pour que nous soyons capables de déceler le danger, trouver la nourriture et nous reproduire de façon à assurer notre survie, ceci notamment à travers la capacité d’attention. C’est elle qui permet de se focaliser sur certaines informations provenant du monde extérieur ou de nos pensées. Différentes formes d’attention ont été répertoriées, parmi lesquelles l’attention soutenue, l’attention sélective et l’attention exécutive qui sont toutes trois très sensibles aux stimuli des médias numériques.
L’attention soutenue permet de guetter un ennemi, se concentrer sur une tâche ou jouer à un jeu vidéo. L’attention sélective nous fait réagir face à un bruit suspect, une odeur inquiétante ou une alerte de SMS. L’attention exécutive nous permet de rester concentrés en bloquant les distractions, lorsqu’on est appelé à se mettre à table alors qu’on est occupé à visionner une vidéo sur YouTube. Le contrôle actif sur l’attention se développe progressivement de l’enfance à l’âge adulte. À maturité, la maîtrise de l’attention continue à demander des efforts et reste fragile. Des stratégies de protection permettent de prendre en compte cette limite biologique en mettant à distance les technologies numériques désirables, en particulier lorsque nous accomplissons une tâche qui demande de la concentration comme la lecture.
La lecture, qui est apparue il y a cinq mille ans, fait partie de ces tâches pour lesquelles le cerveau n’a pas été programmé. Des recherches en neurosciences ont démontré qu’il utilise des régions et des circuits dédiés à l’origine à d’autres fonctions telles que parler, comprendre le sens, reconnaître les formes. Déchiffrer du sens à partir de formes écrites est une activité difficile et exigeante en attention. Elle sollicite la mémoire à court terme pour unifier un passage et la mémoire à long terme pour lui donner du sens. Aucun de ces processus n’est automatique. La capacité à lire de longs textes ne se développe qu’avec l’exercice. Elle s’avère très utile pour enrichir notre mémoire d’informations diversifiées qui permettront de mieux répondre aux défis et besoins imposés par notre relation au monde extérieur.
Pour le fonctionnement de tâches récurrentes et simultanées, le cerveau dispose d’une sorte de pilote automatique bien moins énergivore que l’attention. Il déclenche des actions efficaces et rapides faites de réponses préformatées puisées dans la mémoire, de procédés d’exploration opérant par évaluations et hypothèses successives et d’autres formes de traitement automatique de l’information pour traiter des actions telles que respirer en se tenant debout, penser en écoutant de la musique et désormais marcher en regardant son smartphone.
La gestion du temps passé sur les écrans apparait préoccupante dans la mesure où la surconsommation de médias numériques se produit au détriment d’autres expériences conduisant à des acquisitions bénéfiques pour enrichir notre mémoire et nos processus cognitifs. Ce point fait consensus entre les expert-es. Il est nécessaire de l’encadrer pour favoriser des comportements demandant plus d’efforts et plus difficiles à activer.
Anne Kleiner
Paru dans l'Écho de La Fontanelle n°66, août 2023
Que faire
Encourager la diversité des apprentissages
Donner le temps de faire les acquisitions difficiles comme le gout pour la lecture et de l’effort avant d’accorder l’accès aux écrans.
Limiter les distractions inutiles
Faire disparaitre les écrans de l’environnement immédiat lorsqu’on a besoin de se concentrer
S’aider à résister
Différencier les supports destinés au jeu et à la détente de ceux utiles aux acquisitions et au travail pour prendre conscience des superstimuli qu’ils représentent et mieux les gérer.
Tenir compte des principes fondamentaux de l’apprentissage
L’accessibilité facilitée à toutes sortes d’informations sur Internet nécessite de développer l’esprit critique, basée sur la connaissance. Celle-ci s’enrichit au contact de multiples observations, demande un effort d’attention et une pratique assidue.
Ne pas confondre un like et une amitié
Les réseaux sociaux répondent à un besoin naturel d’établir et rester en lien. La qualité de la relation peut être parasitée par des commentaires ou des likes de faux amis. Sensibiliser (à cet écart de perception.
Apprendre à évaluer les sources d’information distantes
Les activités numériques ont mis de la distance dans les échanges, et limitent de ce fait notre faculté à identifier les effets de notre communication. Ce nouveau contexte oblige à développer de nouvelles compétences pour entretenir des relations respectueuses, savoir chercher les bonnes informations et évaluer la qualité de nos sources.
Profiter de l’horizon élargi qu’offre Internet
Incitons les jeunes à s’intéresser aux cultures, aux lieux, aux différentes manières de penser accessibles à travers Internet afin d’élargir leur cercle de connaissance et stimuler leur empathie. Veillons à ne pas rester enfermer dans une bulle mais à se confronter aux idées des autres et à rechercher activement l’échange.

Comment les médias sont-ils consommés par les jeunes en Suisse?
En Suisse, l’usage des médias par les enfants et les jeunes est suivi de près depuis 2010 dans le cadre d’enquêtes confiées à la Haute école spécialisée de Zurich (ZHAW). Dans ce contexte, une étude nommée JAMES pour « Jeunesse, Activités Médias Enquête Suisse » est réalisée tous les deux ans auprès de 1'000 adolescentes et adolescents âgés de douze à dix-neuf ans issus des trois grandes régions linguistiques. Elle met notamment en évidence que si le débat public a encore tendance à distinguer le monde réel du virtuel, la réalité des jeunes est devenue hybride, les deux mondes contribuant désormais à leur développement et à leur socialisation.
L’étude JAMES montre que la presque totalité des foyers suisses sont équipés de téléphones portables, de téléviseurs et d’Internet. Ces équipements participent au développement intellectuel et social des jeunes, leur permettent de rester en contact avec d’autres, sont utiles dans le cadre de leurs formations et sont appréciés pour leurs loisirs. Presque tous les adolescentes et adolescents possèdent un smartphone qui est employé tous les jours. Selon leurs estimations, Internet est utilisé un peu plus de trois heures par jour durant la semaine, et cinq heures par jour durant le week-end. La moitié de ce temps semble être consacrée à de l’information, principalement à travers des moteurs de recherche, mais aussi avec les réseaux sociaux. L’autre moitié est dédiée au divertissement, principalement sur les réseaux sociaux et les portails de vidéos.
A l’adolescence, les jeunes développent aussi une curiosité légitime et croissante pour la sexualité, que les médias numériques permettent d’assouvir. Or, un peu plus de la moitié des adolescentes et adolescents interrogés ont été confrontés à des contenus pornographiques inadaptés. La représentation de la violence est identifiée comme le second risque potentiel auquel peuvent être confrontés les jeunes. Le visionnage de contenu violent a augmenté au fil des ans et concerne désormais soixante-cinq pour cent d’entre eux, les garçons étant un peu plus touchés que les filles.
Une différence d’utilisation est observée en fonction du statut socioéconomique. Les jeunes issus de milieux favorisés et confrontés à des exigences de performance scolaire plus élevées consomment de façon plus modérée que celles et ceux issus de familles modestes ou étrangères. L’utilisation des smartphones et autres écrans est laissée au contrôle des parents, qui sont à la fois des guides et des modèles, édictent les directives et les règles à appliquer dans la famille et sont responsables de leur respect. Enfin, l’étude met en évidence une diminution continue de la protection de la sphère privée, conduisant à des expériences négatives telles que le cyberharcèlement et le harcèlement sexuel. Elle alerte sur le vide juridique qui permet à ces activités de se déployer et à la nécessité de mettre en place des mesures de protection de la jeunesse face aux médias.
Étude synthétisée par Anne Kleiner
Paru dans l'Écho de La Fontanelle n°66, août 2023

Sondage: smartphone et adolescence, comment le vivent les parents?
La Fontanelle a invité des parents d’adolescentes et adolescent-es à partager leur perception sur l’utilisation des smartphones par leurs enfants à travers un sondage lancé par sa newsletter et les réseaux sociaux.
Trente-quatre mères et pères se sont prêtés au jeu, au profil plutôt investi dans le rôle parental. Si la plupart tentent d’établir un dialogue pour discuter de l’utilisation des écrans, voire poser un cadre, beaucoup se sentent démunis face à l’attrait exercé par ces appareils. Certains ont pris l’option d’installer une application de contrôle parental. Un grand nombre relève la difficulté d’accompagner l’usage d’une technologie qui évolue rapidement et dont on n’est pas certain des effets sur le développement humain. Un consensus ne se dégage pas de la part des professionnel-les qui adoptent des positions contraires et le cadre légal est inexistant, ce qui se révèle très désécurisant lorsqu’on porte la responsabilité d’éduquer.
Anne Kleiner
Paru dans l'Écho de La Fontanelle n°66, août 2023



Ateliers de prévention avec les jeunes accueillis en foyers
Si l’utilisation des médias digitaux s’est imposée aux adolescentes et adolescents, elle n’est pas sans risque. Dépendance à Internet, utilisation frauduleuse de données personnelles, harcèlement sur les réseaux sociaux, cyberviolence, abus sexuels, sextortion en font partie. Les jeunes accueillis à La Fontanelle ont généralement été confrontés à ces dangers. L’institution leur a proposé un atelier pour prendre conscience des risques encourus et revenir sur certains traumatismes.
Deux ateliers de prévention ont été animés par Noemi Knobel, éducatrice et formatrice spécialisée à la sensibilisation aux écrans, l’un avec les filles et l’autre avec les garçons. La sexualité et comment éduquer aux écrans ont fait partie des thèmes abordés. Sur le sujet de la sexualité, les garçons ont réagi plus vivement à la question de la cyberpornographie à laquelle il leur est difficile de se soustraire alors que les filles se sont élevées contre le cyberharcèlement. Elles ont relevé qu’il pouvait conduire au suicide tant on peut se sentir seul-e lorsqu’on y est confronté-e, car on n’ose généralement pas en parler. À la question de l’éducation à l’écran, la plupart ont relevé la nécessité d’être guidé par les parents sans que leur utilisation soit pour autant interdite, car cela les pousserait à tricher pour répondre à la pression de leurs pairs.
La discussion s’est aussi engagée sur l’expérience imposée par La Fontanelle de vivre sans téléphone portable durant le placement. Si quelques-uns ont relevé que les communications avec l’extérieur leur manquaient, la plupart ont exprimé que cette déconnexion leur a fait du bien. C’est une source de stress qui leur est enlevée et une nouvelle manière d’entrer en relation qui leur est proposée. Durant les week-ends, la rentrée en possession de leurs smartphones cause souvent un problème, car il y a eu une prise de conscience de l’attrait des écrans auquel elles et ils aimeraient résister, mais cela reste difficile à gérer.
Propos recueillis par Sonia Brun, Alexis Burgdorer, Jessica Fiora et Emma-Jayne Goepfert, collaborateurs-trices à La Fontanelle
Parus dans l'Écho de La Fontanelle n°66, août 2023
Point de vue de Noémi Knobel, experte en médias digitaux
La Fontanelle a invité Noemi Knobel à animer un atelier de sensibilisation aux écrans, auprès des jeunes accueillis au Foyer Filles et au Foyer Garçons. Éducatrice, formatrice et conférencière, elle s’est spécialisée dans l’étude de la consommation des médias digitaux par les enfants, les adolescent-es ainsi que les adultes. Elle est notamment particulièrement inquiète de la facilité avec laquelle tout un chacun accède à du contenu pornographique indépendamment de l’âge, et des dommages occasionnés, en particulier dans l’enfance et à l’adolescence.
Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à ce sujet?
J’ai pris conscience de l’importance des réseaux sociaux dans la vie des jeunes lors d’un stage d’éducatrice de rue à Marseille. Les effets produits par des commentaires haineux ou dénigrants m’ont particulièrement interpellée et m’ont incitée à mieux appréhender comment les médias digitaux influençaient leur développement.
Peut-on envisager de se passer des écrans?
Les médias digitaux ont transformé la façon d’accéder à l’information et la manière de communiquer. Les réseaux sociaux ont contribué à humaniser Internet, d’abord perçu comme très technique. Désormais, le smartphone est omniprésent et contribue aussi à rassurer les parents qui en offrent à leurs enfants afin de pouvoir les contacter n’importe où. Si les médias digitaux ont tout un côté extraordinaire, ils ont aussi une face d’ombre qu’il s’agit de gérer. Se passer du numérique est devenu illusoire, même si je recommande de vivre des périodes de déconnexion.
Quelle approche préconisez-vous pour une bonne utilisation des écrans par les jeunes?
L’adulte doit impérativement encadrer l’usage des médias digitaux, en fixant des règles d’utilisation et en empêchant l’accès à du contenu toxique, tel que la pornographie, la pédophilie ou la zoophilie. Il doit dialoguer et attirer aussi l’attention de son enfant sur le cyberharcèlement dont ce dernier doit être protégé et qui doit être dénoncé. L’exemplarité est une mesure efficace pour lutter contre un emploi abusif. Je déplore par ailleurs l’absence des mesures législatives ou l’insuffisance d’outils – par exemple de reconnaissance faciale pour déterminer l’âge légal permettant de visiter un média - pour aider à mieux gérer.
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