Le sucre est plus addictif que la cocaïne !
Les scientifiques invités à présenter le résultat de leurs recherches lors de la conférence annuelle de La Fontanelle ont fait la démonstration que le sucre et l’alimentation ultra-transformée jouent un rôle important dans l’augmentation des maladies chroniques. À ce jour, celles-ci ont dépassé l’incidence des maladies infectieuses, ce qui a pour conséquence de faire stagner la courbe de l’espérance de vie dans les pays occidentaux. Du sucre, il y en a partout, et le cerveau en redemande, car il développe une addiction, démontrée plus forte qu’à la cocaïne.
Encore plus intéressant, c’est cette facette pour le moment peu médiatisée : la nourriture joue un rôle sur le psychisme humain. Il a par exemple été établi que l’hyperactivité est influencée par la composition de l’alimentation, en particulier la quantité de sucre, sous toutes ses formes. Il est également démontré que l’état de la flore intestinale, désormais nommée microbiote, pèse de façon déterminante sur nos humeurs, notamment en raison du lien direct entre l’intestin et le cerveau par le nerf vague. Les recherches se poursuivent sur le sujet, et nous allons suivre les conclusions avec beaucoup d’intérêt.
Car si la qualité de l’alimentation joue non seulement un rôle sur l’état physiologique, mais aussi sur la santé mentale, cela pose une question importante à tous les acteurs institutionnels. Les institutions éducatives intégreront-elles l’axe alimentaire comme un élément conceptuel de leur prise en charge ? Les médecins oseront-ils compléter une prescription médicale avec une recommandation alimentaire ? Des lois viendront-elles réglementer la vente du sucre et des additifs alimentaires ?
Ces conférences – que vous retrouvez par ailleurs sur notre site internet – nous ont fait prendre conscience de la responsabilité que nous avons, comme adulte, à l’égard de nos enfants. Nous n’avons qu’effleuré le sujet et il faudra certainement du temps et de nombreuses discussions pour modifier nos valeurs et nos comportements. Dans ce nouvel Écho, nous poursuivons le débat. Nous serions heureux que vous veniez l’enrichir, n’hésitez donc pas à réagir.
L’an 2019 arrive à son terme. Je tiens, ainsi que toute l’équipe de La Fontanelle, à vous remercier chaleureusement pour la confiance que vous continuez à nous témoigner et vous souhaite d’agréables fêtes de fin d’année.
André Burgdorfer, Directeur
Éditorial paru dans l'Écho de La Fontanelle n°59, décembre 2019

Manger vrai, ensemble et bouger
Pour sa conférence annuelle, La Fontanelle a convié deux spécialistes à exposer leurs points de vue sur l’alimentation et ses effets sur les comportements. Anthony Fardet, chercheur à l’INRA, et Benjamin Boutrel, chercheur au CHUV, ont présenté le résultat de leurs recherches dans le domaine. Les conclusions sont saisissantes et remettent en question l’importance que nous accordons au contenu de nos assiettes et aux étiquettes des produits préparés que nous achetons.
Une approche trop réductionniste
La nourriture ne peut pas être considérée comme un produit addictif, car nous avons besoin de manger pour vivre, faire fonctionner notre corps, notre cerveau. Mais on connait depuis longtemps son influence sur notre état de santé et dans le but de mieux comprendre les effets, les aliments ont été décomposés. Anthony Fardet relève que cela a conduit à une vision réductionniste de l’alimentation. Les produits sont devenus une somme de nutriments – fibre, vitamines, lactose, gluten, fer, etc. – et on a déconsidéré les interactions qui existent entre les nutriments eux-mêmes et leur rôle sur la santé. Or, absorber dix grammes de sucre provenant d’un soda n’a pas le même effet que de prendre dix grammes de sucre venant d’une pomme.
La matrice des aliments sous-estimée
Le potentiel santé d’un aliment ne se trouve pas seulement dans sa composition, mais aussi dans sa matrice. Celle-ci influence le degré de mastication, la satiété, la vitesse d’absorption des nutriments, la sécrétion des hormones, la vitesse de transit, etc. Anthony Fardet souligne que l’approche réductionniste a conduit à mettre l’accent sur une partie du tout pour résoudre des dysfonctionnements multifactoriels. Toutes sortes de produits sans gluten, sans lactose, hyper protéiné, etc., sont apparus sur le marché comme des réponses aux problèmes de santé. Plus grave encore, cette vision a amené à la fabrication d’une alimentation ultra-transformée. Beaucoup d’aliments sont aujourd’hui raffinés, fractionnés, puis recombinés avec des liants artificiels par l’industrie alimentaire, de même que les goûts et les couleurs sont de plus en plus souvent synthétiques. Des recherches récentes démontrent que l’absence de matrice nuit à la santé et que l’augmentation des aliments ultra-transformés sur le marché est concomitante avec une explosion des maladies chroniques. L’alimentation ultra-transformée est partout, y compris parmi les produits qualifiés de sains.
Le microbiote en résonance avec le cerveau
Les recherches de Benjamin Boutrel confirment que les troubles liés aux maladies inflammatoires ne sont pas d’ordre génétique, mais environnemental. Le cerveau étant soumis à de grandes transformations durant la période de l’adolescence, la nourriture a un impact encore plus important sur le développement cérébral à cette période. Car le système digestif fonctionne en résonnance avec le cerveau, notamment à travers la sécrétion d’hormones, des stimulations mécaniques et la circulation d’informations à travers le nerf vague. Chez des patients atteints de maladies psychiatriques, des altérations du microbiote - c’est-à-dire une composition modifiée des bactéries, virus et parasites qui le constituent - ont systématiquement été observées.
La règle des trois V, pour végétal, vrai et varié
Pour y remédier, Anthony Fardet recommande d’adopter une vision globale ou holistique de la santé. Concernant l’alimentation, il s’agit de privilégier un régime riche en végétaux, de consommer vrai - c’est-à-dire des aliments les moins transformés possible - et de varier le contenu de son assiette en préférant les produits de saison. Concernant le contexte, il serait préférable le manger ensemble dans des lieux appropriés et s’agissant des activités, de bouger et de faire des exercices au quotidien.
Anne Kleiner
Article paru dans l'Écho de La Fontanelle n°59, décembre 2019
Conférencier
Benjamin Boutrel, comprendre pour mieux intervenir
Benjamin Boutrel dirige l’Unité de recherche sur la neurobiologie des troubles addictifs et alimentaires au Centre de neurosciences psychiatriques du CHUV, également rattachée au Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent. Après des études en France à l’Université Pierre et Marie Curie et à la Faculté de médecine de la Pitié-Salpêtrière, il confirme son intérêt pour la psychiatrie biologique. Il complète ses études en Californie, au Scripps Research Institute de San Diego, avant d’être engagé à Lausanne, où il travaille sur les addictions. Dans le cadre de ses recherches, il a modélisé chez le rongeur des comportements proches de la réalité clinique (impulsivité, compulsion, perte de contrôle sur la consommation permettant une meilleure compréhension des bases neurobiologiques responsables des addictions, que ce soit pour la cocaïne, l’alcool ou le sucre.
QUI SUIS-JE?
La formation qui a marqué votre parcours?
Mes 3 années en Californie, avec la confrontation à la réalité de la recherche et de ses défis éthiques, financiers, technologiques et humains.
Plutôt sucré ou salé?
Pas de préférence, mais de la modération.
Votre plat préféré?
Trop éclectique pour n’avoir qu’un plat préféré.
Une passion ?
La course à pieds lorsque je ne suis pas au labo.
Un rêve?
Comme le dit l’œuvre de fiction, « la vérité est ailleurs … », je reste persuadé que les théories actuelles sur les troubles psychiatriques ne ciblent pas le cœur du problème. Je rêve d’une approche globale permettant de comprendre un déséquilibre systématique (un yin et un yang) expliquant l’émergence des troubles psychiatriques auprès des populations vulnérables.
Conférencier
Anthony Fardet, défenseur d’une approche holistique de la santé
Ingénieur agro-alimentaire diplômé de l’AgroParisTech et docteur en Nutrition Humaine de l’Université d’Aix-Marseille, Anthony Fardet s’est spécialisé pendant plus de dix ans sur le lien entre produits céréaliers et santé. Depuis 2003, il est chargé de recherche en alimentation préventive et holistique et travaille depuis 2014 sur la caractérisation du lien entre transformation des aliments et les impacts sur leur potentiel santé, avec un focus particulier sur les aliments ultra-transformés. En 2017, il publie à ce sujet « Halte aux aliments ultra-transformés ! Mangeons vrai. ».
QUI SUIS-JE?
La formation qui a marqué votre parcours?
Plutôt des chercheurs-auteurs en alimentation : Colin Campbell, Michael Pollan, Bruce Lipton, Gyorgy Scrinis, Carlos Monteiro.
Plutôt sucré ou salé ?
Sucré.
Votre plat préféré?
Le riz au lait et le petit salé aux lentilles.
Une passion ?
Les chats et la photographie.
Un rêve ?
Le respect planétaire de la santé humaine, des animaux et de l’environnement.
Une passion, un hobby?
Je lis tout le temps et j’adore manger.
Je suis aussi très attachée à la nature
et ai fait beaucoup de scoutisme.
Personnellement, comment résolvez-vous un conflit?
J’aime échanger et essayer d’expliquer les raisons de mon agacement. Je déteste bouder et préfère poser cartes sur table et en discuter. Bien sûr, comme tout le monde, cela m’arrive de m’énerver.

Point de vue d'Isabelle Moncada
Est-il nécessaire de présenter Isabelle Moncada ? Aux commandes du magazine santé de la RTS 36,9, qu’elle a lancé en 2006, elle est motivée par le désir de donner des clés aux gens pour qu’ils puissent décider librement. Sa carrière a débuté à Radio Lac alors qu’elle faisait ses études en sciences politiques. Elle s’est poursuivie à la Radio Romande, puis à la Télévision Suisse Romande en 1995. Isabelle Moncada a déjà abordé une multitude de thématiques santé, mais une chose la scandalise encore et toujours : l’épidémie d’obésité, qui progresse de façon alarmante chez les enfants notamment. Après avoir généreusement animé la table ronde clôturant notre conférence sur les liens entre alimentations et troubles du comportement du 26 septembre 2019, elle a accepté de nous donner son point de vue sur le sujet.
Améliorer la qualité de l’alimentation pour limiter certains troubles du comportement est une approche plutôt nouvelle. Cependant, le sujet est sensible et la nourriture fait partie des petits plaisirs de la vie. Frustrations ou dépression, que choisir ?
Se nourrir est essentiel, mais c’est surtout puissamment relié à notre histoire personnelle, au lien maternel et familial. Changer ses habitudes alimentaires, c’est un peu comme renier son passé, son histoire et même ses valeurs familiales. C’est la raison pour laquelle nous avons tant de mal à modifier nos habitudes, qui forgent aussi nos préférences. Ce que nous mettons dans nos assiettes dit beaucoup de notre culture et de notre histoire, et c’est généralement douloureux d’y renoncer ; c’est un peu ressenti comme une trahison. Qui plus est, notre biologie est modulée par ce que nous avalons, et on sait maintenant aussi toute l’importance de cette modulation sur le fonctionnement de tout le métabolisme, y compris celui du cerveau, de l’humeur et du système hormonal. Le plaisir de manger va donc au-delà d’une simple question gustative et de satisfaction. C’est un acte hautement symbolique en plus d’être vital.
Toutes sortes de recommandations circulent sur le bien-manger, allant de la cure de jus de légumes au jeûne intermittent. Entre information et désinformation, comment s’y retrouver ?
Nous essayons tous de moduler « cognitivement » notre manière de manger en fonction des informations qui nous parviennent. Nous cherchons le régime idéal, sain, parfait, en testant sur nous-mêmes, en écoutant des témoignages, en lisant des recommandations ou des résultats d’études scientifiques ( rares, car difficiles à conduire ). D’une certaine manière, c’est présomptueux, car notre cerveau en tant qu’organe est bien plus compétent que notre raison pour faire les choix vitaux. Le problème, c’est quand cette aptitude à manger ce dont nous avons besoin, dans les quantités nécessaires, ni plus ni moins, est abimée par un manque de diversité, par la publicité ou par un nutriment comme le sucre, dont on sait qu’il provoque une addiction et des changements métaboliques délétères quand il est présent chroniquement, quotidiennement et en trop grande quantité dans l’alimentation. L’instinct naturel que nous avons tous au départ est faussé par cet « accident » alimentaire. Il n’y a pas d’obèses chez les animaux sauvages. Ils s’autorégulent remarquablement, résistent aux famines et à l’abondance. Leur organisme et leur cerveau jouent parfaitement leur rôle, tout comme le nôtre avant l’industrialisation de l’alimentation. Il faut donc protéger nos enfants, les maintenir autant que possible dans une sorte « d’innocence alimentaire ». Et pour ceux dont le métabolisme est déjà endommagé par les aliments transformés et ultratransformés, il s’agira de reconquérir patiemment et au prix de nombreux efforts une forme de « liberté » face à la pression publicitaire et à cette exposition permanente à des aliments.
Propos recueillis par Anne Kleiner
Éditorial paru dans l'Écho de La Fontanelle n°59, décembre 2019

Les repas proposés dans les foyers sont-ils encore adaptés?
À l’instar de La Fontanelle, le monde éducatif découvre avec stupeur le lien entre l’alimentation et les troubles du comportement. La problématique est récente, innovatrice, dérangeante, car elle remet en question l’approche éducative à différents niveaux. En particulier, elle interroge sur le plan des connaissances en nutrition des équipes encadrantes et des budgets alloués à l’intendance, ainsi que sur les changements qu’il est possible d’imposer à des jeunes en difficulté, mais aussi sur les recommandations à faire à leurs parents. Des graines ont déjà été semées dans certaines institutions par des éducatrices et éducateurs passionnés par la thématique, qui font œuvre de pionniers. La Fontanelle en a rencontré trois.
Michael Süess Grabherr, éducateur à l’ÉPA (École protes-tante d’altitude), à Saint-Cergue, spécialisée dans la prise en charge d’enfants de six à quinze ans en proie à des difficultés scolaires, sociales ou familiales.
L’ÉPA possède son propre cuisinier, aidé d’une apprentie. C’est une chance, il nous confectionne des mets variés, labellisés Fourchette Verte. Un échange peut s’instaurer entre lui et les éducateurs sur ce qui fonctionne ou ce qui peut être amélioré.
Le problème le plus important à mes yeux venait des petits-déjeuners. Jusqu’il y a peu, nous proposions du pain blanc, du Nutella, quatre sortes de confiture, quatre ou cinq variétés de Kellogs, du Suchard Express, du lait et du jus d’orange. Le pain devenait un support à Nutella, du Suchard était versé dans les Kellogs… bref, les enfants sortaient de table gavés de sucre. La situation était connue, mais on avait encore tendance à se dire que les enfants avaient déjà beaucoup d’autres problèmes, et que de leur enlever cette source de plaisir ne pouvait qu’accroître leurs difficultés ou frustrations. Plusieurs facteurs ont contribué à une amélioration. Tout d’abord, le contexte : cette année nous avons un groupe d’enfants et un noyau d’éducatrices et d’éducateurs disposés au changement. Puis les conférences proposées sur ce thème par La Fontanelle ont été un élément déclencheur, la démonstration faite par les scientifiques invités ayant convaincu les plus récalcitrants. Il y a trois ans, cela aurait été inconcevable.
Une série de mesures concrètes a été prise : nous avons supprimé les céréales ultra-transformées, avons remplacé le Nutella par du miel et avons introduit un chocolat en poudre moins sucré. Nous proposons également des aliments salés comme du fromage, des œufs, des tomates, tout en leur laissant le choix. Au niveau du goûter et des desserts, nous essayons maintenant de limiter les barres chocolatées ou produits hautement transformés, et servons des fruits coupés ou des mets confectionnés maison. C’est la politique du salami, on avance petit à petit. La question, c’est jusqu’où va-t-on ? Il faut trouver le juste milieu. Les enfants réagissent bien, les matinées nous semblent plus tranquilles, mais nous manquons encore de recul.
Rossana Scalzi, éducatrice responsable de Lo Sèlâo, une structure intégrée à la Fondation Petit-Maître d’Yverdon-Les-Bains, qui propose un accueil spécia-lisé à des enfants fragilisés en période de congé scolaire.
Je me suis formée en nutrition par passion, en parallèle à mon travail d’éducatrice. C’est donc tout naturellement que je me suis interrogée sur nos pratiques à Lo Sèlâo. Mais jusqu’ici, je me suis sentie bien seule.
En tant que responsable de secteur, j’ai une petite marge de manœuvre pour bannir des aliments et faire comprendre certains enjeux. J’ai pu, par exemple, supprimer le Nutella et le Maggi. Comme l’équipe est également sensible à la problématique, ces dispositions ont rapidement été adoptées. Mais pour nos jeunes, ces mesures sont en même temps compliquées et insuffisantes, car il y a trop d’éléments perturbateurs. Un changement plus radical serait nécessaire, qui intègre un régime alimentaire davantage rassasiant et un travail sur les comportements compensatoires.
Dans les institutions, ce n’est toutefois pas dans les mœurs. Certaines d’entre elles se posent clairement la question, mais c’est un travail de longue haleine, et l’impulsion doit venir de la direction. La formation des éducateurs n’inclut pas l’alimentation dans ses programmes et le sujet est totalement nouveau dans notre domaine. De plus, la nourriture appartient à quelque chose de l’ordre du primaire, très lié au plaisir personnel. L’idée est encore très répandue que manger sain, ce n’est pas plaisant, et le marketing est très agressif à ce niveau. J’ai commencé à discuter avec mon directeur, qui fait une vraie prise conscience, car seule, c’est difficile d’amener un changement plus profond.
Adrien Fabié, éducateur à Home chez nous, une structure d’éducation sociale avec internat et classes d’enseignement spécialisé au Mont-sur-Lausanne.
Adrien Fabié est aujourd’hui ouvreur de compétition nationale en escalade et éducateur en formation, responsable du secteur sports à Home chez nous. Difficile d’imaginer que ce jeune homme était, il y a dix ans, dans un état de fatigue extrême à la suite d’ennuis de santé. Il doit la récupération de ses pleines facultés à des années de recherches et d’essais de médications, dont de nombreux régimes alimentaires inspirés de différentes cultures. Son expérience l’a convaincu du rôle fondamental de la nourriture sur la santé, physique et mentale, autrement dit, de l’interdépendance entre le biologique et le psychologique.
Il défend l’idée qu’une institution a le devoir de protection et l’alimentation en fait partie. Les jeunes dans les foyers souffrent d’un certain nombre de symptômes physiques se manifestant par des problèmes de santé. Dans certaines publications, des médecins font l’hypothèse d’une porosité intestinale dans le cas de troubles alimentaires. Les personnes atteintes seraient plus sensibles au sucre ou à la malbouffe que celles en santé. Selon lui, un effort doit être fait pour construire un modèle de régime adapté à ces jeunes. Il s’agit de le construire avec eux, petit à petit, de trouver un substitut au sucre qui soit moins inflammatoire, pour ne pas augmenter la frustration. La démarche doit être accompagnée par des diététiciens et des spécialistes habitués à travailler sur ces problèmes. Les éducateurs eux-mêmes doivent être mieux formés et s’informer.
Le sucre, c’est une drogue. La demi-mesure est difficile. Il pense qu’il vaut mieux une frustration courte et passagère que des rechutes régulières. Le travail sur l’alimentation doit aussi être complété par d’autres mesures ou activités qui favorisent le mieux-être, comme la méditation, le yoga ou l’apnée, qui permettent une meilleure oxygénation du cerveau. En ce qui le concerne, la compréhension de sa problématique lui a permis d’interagir avec, et c’est ce qu’il aimerait que les jeunes puissent vivre. Leur permettre d’avoir plus de contrôle sur une situation qu’ils ne maîtrisent pas, les aider à donner du sens à leurs épreuves, les rendre acteurs, et non plus seulement victimes.
Propos recueillis par Joanna Vanay
<Paru dans l'Écho de La Fontanelle n°59, décembre 2019

Interview de Valérie Stackelberg
Valérie Stackelberg est nutrithérapeute, passionnée par les intestins, notre « deuxième cerveau ». La praticienne établie à Nyon étudie et expérimente depuis longtemps les conséquences de la malbouffe sur le corps et le cerveau, aujourd’hui démontrées scientifiquement. Si la situation est alarmante, elle n’est pas inéluctable. Bien se nourrir requiert toutefois une bonne dose de résolution et de caractère…
Valérie Stackelberg, quels sont les premiers gestes à adopter si nous souhaitons nous détourner, nous et nos enfants, de la malbouffe?
L’essentiel est de revenir à une alimentation plus naturelle. Mais cela nécessite au préalable une prise de conscience, et une forte volonté pour se délier de l’emprise des publicités, de l’entourage, des habitudes, et de notre lien affectif à la nourriture. C’est difficile, mais l’adulte, avec sa force de caractère et son esprit critique, peut s’en extraire, puis montrer l’exemple. En tant que parent, sa responsabilité est de transmettre, informer et répéter inlassablement le message. Mais l’idéal serait tout simplement d’éviter les produits trop sucrés ou ultra-transformés dès le plus jeune âge, à commencer six mois avant même la conception de l’enfant. Et pourquoi pas, bannir les supermarchés pour se ravitailler. En effet, un éloignement « physique » détourne de toute tentation de malbouffe. Si je vois des chips, forcément cela me donne envie d’en manger…
Concrètement, quels sont les aliments à privilégier?
Il serait bon de renouer avec une alimentation plus simple, issue d’agriculteurs et d’éleveurs locaux, bio, de saison et brute, c’est-à-dire sans transformation, et la plus variée possible. En choisissant les bons sucres, les bonnes graisses et protéines, c’est préférer la qualité à la quantité. Et si nous mangeons mieux, en terme nutritif, nous mangerons également moins, car plus vite rassasiés. Avec la malbouffe, c’est l’inverse, le sucre appelle le sucre, et une addiction se crée. Réintégrons également les aliments fermentés car ils renforcent le microbiote.
Pour retrouver une alimentation équilibrée et saine, nous pouvons nous inspirer, par exemple, de la diète méditerranéenne ou crêtoise qui est plus un mode de vie complet qu’un régime. Elle favorise, au fond, ce que la nature nous fournit : des végétaux majoritairement, avec quelques apports d’origine animale, (poisson, fruits de mer, volaille, œufs), de l’huile d’olive, des graines et fruits à coque. Ses produits sont variés, grâce au respect du rythme des saisons, et dégustés de manière conviviale. Cette diète apporte au corps ce dont il a besoin : des aliments riches en nutriments (vitamines, minéraux, antioxydants, acides gras), sans transformation, donc hypotoxiques et anti-inflammatoires.
La nourriture que nous choisissons de manger dépend aussi de facteurs émotionnels. Est-ce un élément à prendre en compte?
Tout à fait. Le sucre renvoie, par exemple, à la douceur et à la consolation ; c’est aussi le symbole de la dépendance alimentaire et/ou affective. Les aspects psychologiques ou émotionnels et les aspects physiologiques alimentaires évoluent de manière si semblable, qu’on est obligé de tenir compte de chacune de ces parts de l’être humain afin de pouvoir le considérer dans sa globalité. C’est ce que l’on nomme «l’approche holistique».
Comment gérer les frustrations de nos enfants liées aux privations de certains produits tant appréciés?
Je trierais les mauvais des bons sucres pour ne favoriser que ceux qui nourrissent correctement leur microbiote et leur cerveau. à moyen terme, cela contribue à changer leurs habitudes alimentaires et impacte autant leur développement physique qu’émotionnel. En tant que thérapeute, je détoxifierais aussi leur organisme, puis rajouterais, selon leurs carences, quelques compléments alimentaires (vit B, D, minéraux). Enfin je leur prêterais une oreille attentive afin de déceler la cause du problème. Il n’y a rien de plus important que de parler. Je m’occuperais de leur stress, peurs et pulsions agressives jusqu’à ce que les frustrations disparaissent.
Existe-t-il des aliments qui permettent de calmer notre dépendance au sucre?
Le sevrage est déjà très efficace. Mais sur le moment, j’ai lu dans « 0 sucre » que D. Gerkens prenait, par exemple, une poignée d’oléagineux, de la noix de coco, un carré de chocolat noir, de la vanille et de la cannelle pour lutter contre ses envies de sucre. D’autres « béquilles » peuvent également aider comme l’huile essentielle de cardamome ou de pamplemousse, ou encore le Mucuna pruriens (dopamine). Le Gymnema Sylvestris, quant à lui, calme l’appétit et le grignotage.
A votre avis, manger sain coûte-t-il plus cher?
Il faut réfléchir à ce qui est sous-jacent à la malbouffe, à ses conséquences sur la société et sur notre santé en général. Si la malbouffe paraît plus économique sur l’étalage des supermarchés, elle coûte très cher si l’on considère ses méfaits sur la santé à plus long terme (obésité, diabète). Plus la nourriture est transformée, plus le coût de la santé, la nôtre et celle de la société, augmente. Et encore une fois, choisir des aliments de qualité invite à manger moins, cela devient plus économique. Et si vous souhaitez manger sain et encore meilleur marché, pourquoi ne pas créer votre propre potager et faire de la permaculture ?
Propos recueillis par Joanna Vanay
Paru dans l'Écho de La Fontanelle n°59, décembre 2019
L'alimentation, un perturbateur d'humeur ?
Notre nourriture aurait-elle une influence sur notre humeur et nos comportements ? Si c’est le cas, passons-nous à côté d’un levier essentiel pour aider certains de nos jeunes rongés par l’anxiété et atteints de dépression à sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent ?
Depuis plus de deux ans maintenant, plusieurs signaux ont attiré mon attention sur ce sujet. D’abord Isabelle Filliozat, psychothérapeute renommée dans l’éducation, m’avait soufflé lors de la conférence organisée par La Fontanelle, que le système digestif a une influence évidente sur le fonctionnement du cerveau et figure parmi les agents perturbateurs chez les jeunes en difficultés. Une amie, dont l’enfant souffre de troubles autistiques, a diminué drastiquement le sucre, le gluten et les produits laitiers et amélioré ainsi son état de santé, etc, etc…
Peu de preuves scientifiques corroborent ces affirmations. Du moins, pas encore. Car en cherchant un peu - mal m’en a pris - j’ai découvert que le sucre provoque une addiction puissante. Imaginez cela : plus puissante que la cocaïne - n’allons pas trop vite, l’expérience n’a été réalisée que sur des rats - mais tout de même ! Par ailleurs, saviez-vous que le cerveau a quatre fois plus de récepteurs pour le sucre que pour l’alcool ?
Cela conduit à penser que le terrain est effectivement favorable à une forte addiction. Des recherches
montrent que le sucre n’amène pas seulement des problèmes d’ordre esthétique, sous forme d’embonpoint, mais qu’il a une influence confirmée sur l’humeur. Il provoque des pics élevés d’agitation suivis de descentes vertigineuses vers un manque d’énergie qui peuvent aller jusqu’à la déprime. Cela incite à reprendre du sucre et le cercle vicieux est enclenché.
Pour La Fontanelle, cette découverte est à la fois une source d’espoir et d’inquiétude. La bonne nouvelle, c’est que l’alimentation doit assurément être prise en compte dans le traitement de certains troubles comme l’hyperactivité, l’autisme ou la dépression. Mais comme pour la fumée il y a trente ans, il faut démontrer, prouver, sensibiliser, convaincre, combattre aussi, afin de gagner le soutien populaire. La tâche est immense ! Nous avons décidé d’ajouter notre pierre à l’édifice en développant ce thème à travers une conférence et deux éditions de l’Écho. Nous vous invitons avec plaisir à nous rejoindre dans cette réflexion. Bonne lecture et rendez-vous le 26 septembre à la Salle des Quais de Grandson.
André Burgdorfer, Directeur
Éditorial paru dans l'Écho de La Fontanelle n°58, août 2019

Le régime alimentaire des jeunes peut-il avoir un effet sur leur santé mentale?
On ne cesse de le répéter, manger équilibré et varié est bon pour la santé. La plupart d’entre nous avons entendu parler des effets d’un régime alimentaire inadapté sur la santé physique, caries dentaires, surpoids, obésité, diabète et autres maladies chroniques, mais nous pensons généralement que ces pathologies affectent des personnes d’un certain âge. Or, ces maladies sont de plus en plus fréquemment diagnostiquées chez les jeunes et un grand nombre de professionnels en contact avec des adolescentes et adolescents tirent la sonnette d’alarme. Beaucoup attirent également l’attention sur l’augmentation des troubles du développement cognitif et comportemental et de plus en plus de chercheurs mettent en évidence des liens entre la qualité de la nourriture/boissons consommée et la santé mentale. Point de situation.
Les familles manquent souvent de temps pour préparer les repas et les parents comme les enfants prennent fréquemment le dîner à l’extérieur. Cantine scolaire, fastfood, sandwich, les choix s’opèrent en fonction du budget et des copains. Les repas généralement pris à la maison sont le petit-déjeuner, qui n’a pas la réputation d’être qualitatif d’un point de vue nutritif, ainsi que le repas du soir. Pour la préparation du souper quotidien, les familles cherchent aussi à alléger leur charge en apprêtant des sauces ou des mets tout prêts faciles à cuisiner.
L’agroalimentaire en phase avec la demande
L’industrie alimentaire a bien évidemment identifié nos différents besoins et multiplié ses offres de plats prêts à consommer, d’aliments transformés qualifiés de bons pour la santé, de snacks à manger sur le pouce ou de substituts de repas complets sous forme de poudre ou de barre à ingérer classés dans la smartfood. Cette liste n’est pas exhaustive et il y a abondance. La présentation avantageuse des produits dans les linéaires des magasins et les actions promotionnelles cherchent sans cesse à nous séduire. C’est la rançon du choix. On trouve également de nombreux conseils sur comment et que manger, parfois contradictoires, et il est finalement difficile de savoir ce qu’est une alimentation saine et équilibrée.
Les habitudes alimentaires des jeunes
Les transformations liées à l’adolescence soumettent les jeunes à de nombreux stress et la qualité de leur alimentation ne figure pas dans leurs priorités. Sous la pression sociale et publicitaire, les filles auront plus tendance à se préoccuper de leur apparence que les garçons, et donc à lutter contre le surpoids, mais souvent au détriment d’un régime équilibré. Généralement, les jeunes ont la sensation d’avoir un corps sain capable d’absorber toutes les violences qui lui sont faites : malbouffe, bitures… Cela les entraîne logiquement à négliger les effets de ce qu’ils consomment, le spectre de la maladie semblant lointain. Pourtant, le mode de vie à long terme, dont l’alimentation et les activités physiques sont les piliers, est à nonante pour cent responsable du maintien en santé, du bien-être et de la prévention des maladies.
Ce que nous mangeons arrive aussi à notre cerveau
La santé mentale est également concernée. De plus en plus d’études ont mis en évidence l’existence de liens entre le régime alimentaire et le développement de pathologies telles que l’hyperanxiété, la dépression, l’autisme ou les troubles bipolaires, y compris chez les jeunes. Les progrès technologiques réalisés ces dernières décennies ont permis aux chercheurs de mieux comprendre le fonctionnement de l’intestin et d’analyser la complexité de la flore intestinale ou microbiote. On s’est aperçu que les bactéries qui l’habitent ne servent pas uniquement à la digestion, mais qu’elles influencent le développement du système nerveux central de nombreuses manières. Elles agissent par exemple sur le nerf vague, dont huitante pour cent des fibres sont reliées directement à des zones du cerveau qui contrôlent les émotions. Elles synthétisent aussi des neurotransmetteurs comme la dopamine ou la sérotonine qui ont une fonction régulatrice sur l’humeur dans le cerveau, pouvant être affectée en cas de perturbation du microbiote.
La science progresse rapidement à ce sujet, mais en attendant que l’on soit capable de ramener l’équilibre de la flore intestinale et d’agir précisément plutôt que de prescrire un traitement agissant sur le cerveau, une des premières actions est d’adapter le régime alimentaire des personnes atteintes par ces troubles. Il s’agit de privilégier les aliments aux propriétés anti-inflammatoires, ceux riches en fibres et en protéines comme les légumes et légumineuses et d’éviter les graisses saturées ou sucres rapides caractéristiques de la malbouffe.
Anne Kleiner
Article paru dans l'Écho de La Fontanelle n°58, août 2019




Témoignages recueillis auprès de plusieurs jeunes-filles
Quelle place occupe la nourriture chez les jeunes? Ont-ils conscience des conséquences de ce qu’ils mangent sur leur état physique et mental? Six étudiantes de l’École de commerce et de culture générale de Martigny ont accepté d’en discuter.
Les habitudes alimentaires et le rapport à la nourriture dépendent beaucoup de l’environnement familial, et de ce point de vue, ces étudiantes sont nées sous une bonne étoile : leurs parents ont été généralement attentifs à leur proposer des repas équilibrés et confectionnés maison. Certaines d’entre elles ont même été habituées aux produits locaux et étiquetés bio. Si elles n’ont pas connaissance des liens entre certains régimes alimentaires et le développement de pathologies mentales, elles sont conscientes de la répercussion positive du bien manger sur leur santé et leur bien-être. « Si on donne à notre corps des choses saines, on sera mieux dans nos baskets, on n’aura pas l’impression d’être une poubelle. Une nourriture saine amène une sensation de bien-être, contrairement à des aliments trop gras ou sucrés. », explique Enéa.
De la théorie à l’émotion
Après, il y a théorie et pratique. La vie d’adolescente comporte des hauts et des bas, comme le souligne Mallory : « Il y a tellement de choses qui influencent notre humeur ou notre caractère, le sommeil, les règles, les copains, la famille, etc. que l’alimentation reste secondaire, ou alors on se réconforte avec ! » Se développe ainsi parfois un rapport émotionnel avec la nourriture. Léa C. : « Si on est mal, manger un plat plus copieux ou moins sain, une chose qu’on aime, cela remonte un peu le moral… Cela rajoute un truc bien quand on est mal. » Léonora confirme : « Si on vit une rupture par exemple, manger un truc qui nous fait plaisir peut nous détendre. » Autre constat : il n’est pas évident de trier le bon grain de l’ivraie dans le flot d’informations qui les inonde. Léa B : « On entend énormément parler de ce qui est bon, pas bon, de ce que l’on devrait faire, pas faire. Quand on me parle
de quelque chose qui est vraiment mauvais, je vais me dire « il ne faut pas que je le fasse », mais je n’ai pas toujours envie de faire attention, de me prendre la tête, et comme je ne suis pas une très grosse mangeuse, cela ne m’impacte pas trop. » Un sentiment partagé par Léonora : « Cela devient difficile, car on apprend quasi chaque jour qu’un aliment ou un produit est cancérigène, comme les pesticides, même dans les dentifrices ! Au bout d’un moment, si on tient compte de tout, on ne vit plus ! C’est comme un saut en parachute, on connaît les dangers, mais on saute quand même… »
Pour un fast food sain
Conscientes que le bio coûte cher et qu’il est plus facile pour une famille nombreuse de remplir son frigo chez les discounters, ces adolescentes imaginent des esquisses de solution pour éviter les pièges de la malbouffe. Mallory pense que les gens sont attirés par ce qui est bon, comme les matières grasses, et qu’ils ne réfléchissent pas aux conséquences. « Ils mettent le plaisir avant tout. C’est une addiction que l’on crée. Mais si on produit des aliments tout aussi plaisants, mais de meilleure qualité, avec moins de matière nocive ? Plutôt que de faire de la prévention, faisons des choses saines, avec un prix concurrentiel par rapport aux aliments fast food nocifs ! »
Propos recueillis par Joanna Vanay
Parus dans l'Écho de La Fontanelle n°58, août 2019

L'appréciation de la Fédération romande des consommateurs
Les jeunes mangent mal. Ou du moins c’est l’image un peu caricaturale que l’on se fait d’eux. Selon une étude de la Fédération romande des consommateurs (FRC) menée en 2010 sur un peu plus de cent adolescents, la plupart d’entre eux sont conscients de l’importance d’une nourriture saine. Toutefois, les nombreuses tentations et un budget limité ont tendance à favoriser de mauvaises habitudes alimentaires.
Qu’en pensent les adolescent-es?
Avec soixante pour cent des repas pris hors du domicile, les jeunes doivent composer avec ce qui s’offre à eux en termes de nourriture. Une étude de la FRC menée en 2010 auprès de cent-vingt-huit apprenti-es, lycéen-nes et collégien-nes contredit un peu les clichés en soulignant que cinquante pour cent des jeunes entre quinze et dix-neuf ans considèrent qu’un repas sain devrait être la priorité. Notons qu’il s’agit plus particulièrement des collégien·nes, apprenti-es opticien-nes et coiffeurs et coiffeuses, tandis que les apprenti-es tôliers-carrossiers ou encore les élèves technicien-nes n’en font pas une priorité. Selon Barbara Pfenniger, spécialiste alimentation à la FRC, ils sont conscients de la valeur de ce qu’ils ingèrent. « J’ai été frappée par une collégienne qui mettait un point d’honneur à consommer de l’eau de son village car elle la jugeait meilleure », précise notre interlocutrice.
Un nombre incalculable de tentations
L’étude de la FRC menée en 2010 ainsi que l’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), réalisée auprès de jeunes Suisses et datant de 2014, montrent que seul un peu plus de quarante pour cent des repas sont accompagnés de fruits ou de légumes. Mais ces mauvaises habitudes ne traduisent par forcément un manque de conscience. Difficile en effet de ne pas être tenté plusieurs fois par jour par une boisson sucrée ou une barre chocolatée. Selon Barbara Pfenniger c’est l’offre qui crée la demande. « Les menus avec boisson sucrée incluse dans le prix incitent à la consommation » souligne-t-elle. Et cette dernière de déplorer la présence de distributeurs et de boissons sucrées dans les établissements scolaires ainsi que le marketing persistant pour des aliments gras et sucrés. « Nous sommes constamment attirés par le packaging coloré et ce, même avant l’âge de deux ans, période à laquelle notre goût se développe ».
Manger sain, à quel prix?
Lors de l’étude menée par la FRC en 2010, un jeune mettait en moyenne 8,50 francs pour son repas de midi. Or c’est un prix qui n’est que rarement pratiqué dans les cantines. De plus, ces structures doivent malheureusement compter sur la vente de boissons sucrées, sandwichs et autres friandises pour entrer dans leurs frais. « L’alimentation chez les jeunes devrait être une priorité des pouvoirs publics. Une subvention par repas permettrait aux cantines de proposer des produits sains et abordables », propose Barbara Pfenniger.
Propos recueillis par Sabrina Roh
Paru dans l'Écho de La Fontanelle n°58, août 2019
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