J’ai subi du harcèlement en cours, pendant 11 ans.
J’étais beaucoup critiqué, rabaissé par mes camarades, ils jugeaient mon physique, j’étais trop balèse pour eux, ils critiquaient ce que je disais aussi… On me frappait. On disait que j’étais le protégé des profs. En fait je ne parlais pas beaucoup, je restais à l’écart. J’aime pas travailler avec les autres, en groupe, je me retirais souvent.
Quand je rentrais à la maison, j’étais pas bien, je pleurais, car j’en avais marre. J’ai eu des conflits avec ma mère à cause de cela. J’étais découragé, je ne savais pas quoi faire, j’avais du brouillard dans la tête, j’étais mal dans ma peau, déprimé. Je ressentais de la colère, de la tristesse. J’avais peur aussi.
On m’a mis la pression pour rentrer dans un groupe, j’ai subi leur jeu, j’ai fait ce qu’on m’a dit de faire, j’ai volé, j’ai fait du mal aux autres. C’était toujours les mêmes qui me harcelaient, je cherchais à ce qu’ils me foutent la paix. Mais ça recommençait, c’est comme un cercle vicieux duquel on n’arrive plus à sortir.
Après un accident de cheval, je me suis blessé grave, j’ai fait une dépression, je ne suis plus allé à l’école, ou j’y allais à la carte. Je suis parti au foyer. Cela m’a permis de mettre de la distance, et de travailler sur moi.
Je regrette d’avoir suivi leur plan et fait du mal, d’avoir volé. C’est une grosse erreur. C’est important de réfléchir avant d’agir.
Yorick*, 15 ans, à la Fontanelle depuis 8 mois
Propos recueillis par Joanna Vanay