D’abord harcelé, je suis devenu harceleur.
Ça a commencé à mon arrivée en Suisse. Au départ à l’école, c’était dur. C’est pas une histoire de racisme, c’est plus que je ne savais pas trop parler français. Je ne suis pas né ici, je ne savais pas trop m’exprimer. Et aussi, je n’étais pas comme les autres, genre habillé en marques. C’était difficile de trouver des amitiés.
En rebondissant, je suis devenu harceleur, j’ai fait comme les autres faisaient. Parce que quand on est victime, on se sent mal, rabaissé, écrasé.
Quand on passe à harceleur, c’est la fête ! Tu es tellement mieux que tu harcèles tout le monde. Faut se faire pote avec un mec qui harcèle, et tu fais la même chose que lui et son groupe. Tu crois alors que tu es en dessus des autres. Comme harceleur, j’étais bien dans ma tête, j’avais même du plaisir, parce que j’étais gamin, tu te rends pas compte des choses.
J’ai arrêté de harceler quand je me suis rendu compte que j’aurais les mêmes potes, aussi sans harceler. Je n’avais pas besoin de cela pour garder mes potes.
D’être harcelé, ça peut changer une vie. Je ne harcèlerai plus, clair. J’ai des regrets. On a embêté la cousine d’un pote et depuis elle a changé, elle est devenue totalement froide.
Un bon harceleur ne se fait pas prendre. Il a deux facettes, en cours il peut être très gentil et en dehors très méchant.
Kaïs*, 16 ans, à la Fontanelle depuis 7 mois
Propos recueillis par Joanna Vanay